La coupe possède un haut pied à profil rentrant, percé de deux trous opposés forés avant la cuisson.  L'oiseau est dessiné au pinceau fin en brun avec des rehauts orange débordant du dessin. La couche picturale, très fine, laisse apercevoir le lustre, au niveau du poitrail. Le cou est long, recourbé avec élégance ; le bec est une ligne courte et fine, l'œil rond pointé ; un premier collier annulaire sépare la tête et le cou, sans doute un reste du ruban ? À la base du cou, est figuré un deuxième collier plus élaboré, tel qu'en portaient les animaux des parcs royaux sassanides.  Corps fuselé se terminant par une queue en longues rémiges ; aile courte, ovale et pointue, peinte de 4 arceaux charnus superposés ; longues pattes maigrelettes aux cuisses musclées.  

Ce thème de l'oiseau ornant un centre de coupe ne semble pas être antérieur au 5e-6e siècle, sur le site d'Antinoé, d'après les fouilleurs italiens.  Le site d'Antinoé a fourni six exemplaires de ce type de coupe avec ornement central animalier et pied percé de deux trous. Trois proviennent des nécropoles et trois du kôm A de la cité, dépotoir utilisé vraisemblablement à partir du 5e siècle et sans doute très longtemps après.

Un exemplaire identique est conservé, sans provenance, au musée de Berlin (inv. 1568). Un exemplaire d'aspect proche mais sur lequel je n'ai d'autre renseignement qu'un croquis a été trouvé au deir el Naqloun, Fayoum (Godlewski I fig. 6 et p. 49-62). Un autre encore, très proche, vient d'Éléphantine, d'un contexte daté entre le milieu du 6e et le milieu du 7e siècle, (Éléphantine T 353). Mais à Ashmunein un exemplaire est daté du 7e-8e siècle, Bailey, 1998, C 580. L'atelier est peut-être antinoïte, les Perses ayant occupé la ville quelques années dans la première moitié du 7e siècle. Mais il peut être aussi assouannais, bien qu'un seul exemplaire soit publié pour cette région.

La longévité de ce thème se prolonge jusqu'au 14e siècle, dans le monde byzantin et arabe, dans la technique du sgraffito, glaçuré ; les exemples abondent mais nous ne retiendrons que l'exemple d'une coupe trouvée à Fostat (MRAH, n° 4881). En revanche, l'origine de ce type est plus difficile à cerner.

Il ne semble pas possible d'identifier cet oiseau : ses pattes puissantes et ses serres pourraient être celles d'un aigle, mais son long cou flexible et son petit bec court empêche toute certitude. Aucun des trois autres oiseaux d'Antinoé ne permet non plus d'identification.