Décor
Engobe blanchâtre. Un muffle de lion en relief et perforé forme un bec verseur ; une série d'oiseaux peints dans des métopes et pois ponctuant la lèvre arrondie, le sommet des parois de séparation et le fond du bassin. Les décors intérieurs sont très endommagés. Peinture ocre et brun aubergine avec rehauts de blanc. L'engobe très empâté s'accumulant dans les alvéoles est-il un lait de chaux d'origine ou des traces de plâtre versé ultérieurement dans le bassin ?
Description
Ce grand récipient, bas, largement ouvert, est formé d'une série de cinq compartiments trapézoïdaux rayonnant autour d'un compartiment central, tubulaire. Chacun des compartiments communique avec son voisin par une perforation pratiquée à la base des parois. Ces perforations sont dans l'axe les unes des autres. Le compartiment central n'offre qu'une seule perforation, le mettant en communication avec le seul compartiment muni d'une perforation d'évacuation vers l'extérieur par le muffle du lion. La vasque a été tournée, ainsi que le compartiment tubulaire central. Les compartiments sont réalisés à l'aide de pans d'argile façonnés à la main et soudés ensuite à l'intérieur du bassin. Les perforations ont dû être exécutées sur les parois en place à l'aide de deux doigts. Une accumulation de pâte à l'intérieur de chacune exclut l'usage d'un outil traversant la paroi. Le décor est posé presque essentiellement à l'extérieur. Il affecte deux méthodes différentes : le moulage rapporté et la peinture : - une tête moulée et appliquée après tournage tient lieu de gargouille, sa bouche est largement ouverte en "o" et son menton est proéminent. Nez et sourcils forment un double arceau en fort relief. Les yeux sont deux anneaux épais forés en leur centre, le visage est barbouillé d'engobe brun ivoire et cerné de pois couleur aubergine. La tête s'enlève d'un encadrement vaguement trapézoïdal, les trois cotés sont décorés de motifs simples : hachures obliques et quadrillage pour le sommet. - de part et d'autre de cette tête, dans des métopes, sont peints deux oiseaux à collier affrontés dont les détails anatomiques simplifiés sont dessinés au pinceau ; dans le champ : des pois couleur aubergine. Cinq autres oiseaux d'une exécution semblable prennent place dans cinq autres métopes, séparées les unes des autres par des "pilastres" ornés d"une double ligne ondée verticale bordée tout du long de petits pois aubergine ; deux des oiseaux se font face, les trois autres se déplacent vers la droite. La question de la destination de ce récipient n'est pas résolue. Au Moyen-Empire, ce type de plat, compartimenté mais sans perforation ni évacuation vers l'extérieur, a été mis au jour à Abydos (E 21803, au musée du Louvre), à Lisht, tombe de Senebtisy (Metropolitan Museum 09.180.891). Ils sont considérés comme des plats de service pour des aliments variés. Le système d'une circulation de liquide ou de fluide fait toute la différence au niveau d'une interprétation. Il est difficile de faire un rapprochement avec les bassins à libations tels qu'il en existait dans la culture méroïtique de Nubie. Les aspects ne sont pas comparables et quelles sortes de libations se pratiquaient encore à l'époque chrétienne ? Le décor peut-il être un indice dans la découverte de la destination ? doit-on voir dans ces oiseaux des symboles religieux ? Sommes-nous en présence d'une clepsydre plus originale que les autres ? Peut-être est-ce tout simplement une maquette de fontaine, le muffle déversoir est allusif en ce sens. Peut-être s'agit-il tout simplement d'un jeu analogue à nos billards par exemple !