Cadre chronologique

La section copte du département des antiquités égyptiennes présente, dans deux salles du musée du Louvre, des œuvres séduisantes issues de la culture de l'Égypte chrétienne, désignée sous le terme d'Égypte copte.

Le cadre chronologique de l'Égypte copte

Les études du Père P. du Bourguet ont fait coïncider les débuts de la période copte en Égypte avec l'emploi d'une nouvelle écriture (alphabet grec augmenté de quelques signes démotiques) remplaçant les signes pharaoniques, soit au courant du 2e siècle de notre ère. La fin de cette période correspond à l'abandon de cette écriture et de cette langue égyptiennes au profit de l'écriture et de la langue arabes, dans le courant du 13e siècle.


L'usage courant entend plutôt la période copte comme celle où le christianisme fut la religion la plus prégnante, c'est-à-dire entre les 3e et 8e siècles (l'arabisation de l'Égypte se traduisant par l'abandon progressif de la religion chrétienne et de la langue égyptienne au profit de la religion islamique et de la langue arabe). Sous les Fatimides, soit jusqu'à la fin du 12e siècle, la population égyptienne comptait encore 40% de chrétiens.


Au cours de cette douzaine de siècles, l'Égypte va connaître quatre dominations successives : celle des « lieutenants d'Alexandre », les Lagides, plus connus sous le nom de Ptolémées, celle de Rome, celle de Byzance, celle du Monde musulman, sans oublier dix ans d'occupation perse dans la période copte (619-629).

Le contact avec ces cultures va transformer et enrichir ses coutumes millénaires. L'art copte s'est donc façonné à partir de ses traditions indigènes et de ces influences étrangères.


Province de l'Empire romain dès 30 avant notre ère, à partir de la conquête d'Octave, futur empereur Auguste, l’Égypte fournit à Rome le blé et le papyrus, assumant ainsi une place prépondérante aux yeux des empereurs. La scission de l'Empire romain en deux parties, à la mort de Théodose 1er en 395, la place sous la dépendance de Byzance. Les invasions arabes de 641 l'inscrivent dans les possessions musulmanes.


L'Égypte se convertit rapidement au christianisme et devient l'une des provinces les plus engagées dans cette nouvelle religion. Elle conserve cependant une poche de « résistance » païenne, fortement hellénisée, jusqu'à l'arrivée des musulmans.


Les origines de ce christianisme ne sont pas clairement connues. La tradition, rapportée par Eusèbe de Césarée, veut que ce soit l'évangéliste saint Marc qui le premier ait prêché la parole du Christ à Alexandrie autour des années 45, avant d'y mourir lynché par les fidèles du dieu Sarapis en 65. Mais une lettre de Clément d'Alexandrie rapporte que saint Marc ne serait arrivé en Égypte qu'après le martyre de saint Pierre, en 64. Les reliques de l'évangéliste reposent maintenant, au terme d'un long séjour à Venise, dans la cathédrale Saint- Marc du Caire, restituées en 1968 par le Pape Paul VI à l'Église copte.


En fait, il est probable que le christianisme égyptien soit né dans la communauté juive d'Alexandrie, au cours de la seconde moitié du 1er siècle.


Deux siècles plus tard, l'Égypte ne compte pas moins d'une centaine d'évêques dispersés à travers le pays.
Cependant, l'installation du christianisme ne se fit pas sans heurts avec les communautés juive et païenne. Trop souvent, le clergé, turbulent et fanatique, se livra à des violences peu chrétiennes sur les opposants : destruction du Sérapéum d'Alexandrie en 391, faisant suite à l'édit de Théodose interdisant les cultes païens, massacre de la philosophe Hypathie en 416. Dans les campagnes, les nouveaux adeptes du christianisme, se laissent aller, parfois, au saccage des temples.


Entre le 4e et le 6e siècle, l'Égypte se couvre d'églises et de monastères. Le dernier temple païen à Philae fut fermé par Justinien en 537.


Malgré les affres des querelles théologiques autant que politiques avec Byzance, et leurs conclusions par le concile de Chalcédoine (451) qui la mettra au ban de l'orthodoxie byzantine, l'Église copte structurera son clergé et, la première, établira des règles monacales qui inspireront fortement l'Occident.


Les saints Pachôme (286-346) et Antoine (251-356 ?) (Wadi Natroun), forts de leur expérience d'anachorètes, instaurèrent les premières règles de vie en communauté pour les nombreux candidats au monachisme. Pachôme instaura une règle, le cénobitisme (koinos bios), où les moines partagent des « maisons » dans un monastère (monastère Saint- Antoine) et Antoine, une règle de vie en semi-communauté où les moines vivent dans des ermitages dispersés dans le désert, ne se rassemblant qu'une fois par semaine pour célébrer l'office dominical autour d'un moine-prêtre (l'ermitage des Kellia).


Les Égyptiens coptes étaient détachés depuis longtemps des liens avec leurs ancêtres des époques pharaoniques, tant aux plans politique qu'artistique. Cependant, leur héritage religieux fondé sur la croyance en une vie post-mortem corrélée à la valeur de la vie terrestre, contribua certainement à leur prompte adhésion au christianisme. Le culte voué au dieu Osiris, démembré par son frère Seth et ramené à la vie par son épouse, ainsi qu’au dieu-enfant Harpocrate allaité par sa mère ont pu faciliter la conversion à la nouvelle religion.


Le sceau de la culture gréco-romaine s'imprima profondément dans la création artistique même si l'habileté, le talent de coloriste et l'aptitude de caricaturiste ont sauvé l'art copte du plagiat et du « provincialisme ».