Description
- Numéro d'inventaire / Cote
- E 13877
- Titre
- Petite jarre peinte
- Technique
- Tourné et peint
- Usage
- Vaisselle de service
- Catégorie
- jarre
- Décor
- Couple d'oiseaux à colliers affrontés de part et d'autre d'un arbre ainsi qu'une grande gazelle à longues cornes et une ligne rubannée, ondée, accostée de pois noirs. Les sujets sont inclus dans des métopes dont les cadres sont des tresses bordées de cils. Les dessins sont exécutés au trait noir ; les figures rehaussées de blanc ; l'engobe est rouge lustré. Les animaux sont extrêmement détaillés, leur cou paré de colliers sophistiqués, leurs pelage et plumage traités avec raffinement. Ce décor foisonnant est concentré dans la moitié supérieure de la panse ; dans la partie inférieure, l'espace est orné de simples filets peints en noir.
- Description
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Cette jarre pansue à haut col est peinte avec soin mais avec une certaine maladresse. Cette pièce est tout à fait comparable à quelques jarres du monastère saint Jérémie de Saqqara : l'une, autrefois conservée au musée copte du Caire (inv. 8931), actuellement au musée gréco-romain d'Alexandrie sous le numéro 795, fut découverte au début du 20e siècle par Quibell ; une deuxième a été mise au jour en 2005, dans l'église principale de Saqqara : c'est une jarre de même type et de même style (Grossmann et Sèverin, 1982, photos pl. 24) datable par le contexte de la seconde moitié du 6e siècle ; un troisième fragment d'une jarre (Sa 99-1), de taille comparable à celle du Louvre, fut mise au jour par la mission du Louvre, en 1999 à Saqqara ; une quatrième jarre de format beaucoup plus important (80 cm de hauteur, soit pratiquement le double), trouvée à Saqqara (Quibell, 1912, pl. LI et p. 140), offre un décor tout à fait dans la même veine. Elle est conservée au musée copte du Caire (inv. 10410). Quatre jarres semblables furent donc exhumées dans l'enceinte du monastère saint Jérémie de Saqqara.
D'autres sites fournirent ce même genre de vase : une jarre fut exhumée à Karanis, datée du 4e siècle et conservée au Kelsey Museum (inv. 7967) à Ann Arbor ; deux fragments trouvés à Antinoé (Antinoé, 2004, n° 227-228) ; de nombreux petits fragments trouvés à Arment (Armant, pl. LXXVII) ; un fragment d'Ashmunein pourrait s'en rapprocher avec une différence de traitement de l'embouchure, à rebord débordant et profil cotelé (Bailey, 1998, L.3, pl. 57, p. 94) ; la jarre de Kôm el Nana - tell el Amarna - (Faiers, n° 283 ), au décor beaucoup moins élégant mais de forme et de dimensions très proches, trouvée dans le contexte de l'église sud, édifiée à partir de 460 apr. J.-C ; la jarre du musée de Bruxelles (E521), découverte à Abydos, dont le décor est formé seulement de métopes vides, aux cadres identiques à ceux de la jarre du Louvre, en plus schématisés.
Des jarres de même type et style existent, mais sans provenance connue : une jarre du Newark Museum (inv. 84.299 ) dont le col est cerné d'un rinceau de feuilles de lierre identique à celui cernant le col de la jarre de Karanis, conservée au Kelsey Museum, citée ci-dessus ; sous forme très abâtardie, le ROM conserve deux petites jarres dans le même esprit (forme et décor)(ROM n° 261 et 262 ), d'un même atelier (?) ; la jarre du Brooklyn Museum (284 m) ; un fragment du musée de Sèvres, MNC 3034, sans provenance connue, don de Salvatore Chérubini qui participa à l'expédition d'Égypte avec Champollion ; celle du musée de Berlin n° 3500, de provenance inconnue ; une jarre du Allard Pierpont Museum d'Amsterdam, sans provenance connue APM3840 ; le Metropolitan Museum of Arts conserve dans ses collections une jarre de même style (23-2-74), acquise dans le commerce et datée par Dimand (Dimand, 1924), établissant le parallèle stylistique avec les tissus sassanides, du 7e-8e siècle. Ce style de décor si particulier, se rencontre également sur des pièces de formes différentes, par exemple des grandes coupes à pied, telle la coupe du Louvre E 11756. Selon l'analyse stylistique de Dimand et de Piankoff, l'influence des textiles sassanides apparaît nettement à la fois dans la composition et dans le traitement décoratif des animaux. Il est coutumier, mais sans argumentation concrète, d'attribuer ce type de vase agrémenté d'un décor foisonnant, maniéré mais structuré par des encadrements, mettant en scène des animaux dans une ambiance végétale, à un atelier de Saqqara, daté entre la fin 5e et le milieu du 8e siècles, date de la première dévastation du monastère. Cependant, ce même type se rencontre aussi en Moyenne-Égypte, spécialement à Antinoé dans des contextes funéraires datés entre le 5e et le 7e siècles. Un article de Fatma Mahmoud, conservateur en chef au musée copte du Caire, sur le problème de cet éventuel atelier de Saqqara, est paru dans les Actes du congrès international de coptologie qui se tint à Paris.
Caractéristiques matérielles
- Dimensions
- H. : 27 cm ; D. : 15 cm ; D. pied : 9,8 cm ; ép. : 7 à 8 mm
- Matériau
- Terre cuite brun orangé ; très petites inclusions blanches en quantité moyenne ; traces de dégraissants végétaux brûlés. Engobe rouge lustré.
Lieux et dates
- Date
- 6e-7e siècles
- Provenance
- Égypte
Données historiques
- Acquisition
- Achat chez Nahman, 1929
Bibliographie
- Bibliographie
-
Neyret n° 156 ; P. du Bourguet, "À la découverte de l'art copte", Vivante Afrique n° 220, 1962, p. 43-52.
- https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010041916